« Bordel Ellie, mais qu’est ce que t’as fais ? » Rien, absolument rien. Elle n’a rien fait.
« Comment tu vas faire pour nettoyer ça ? » Non, elle n’a rien fait de mal. Uniquement se défendre, parce que dans notre monde, il y a tout plein de cons qui pensent que tout leur appartient. Qu’ils ont le droit à tout, parce qu’ils l’ont décidé ainsi. Ils n’ont pas travaillé durant des années. Ils n’ont pas étudié durant des années. Ils n’ont pas enduré ce qu’on appelle la vraie vie.
Ses mains sont enroulées dans un bandage de fortune qui est imbibé de sang. Elle a une longue cicatrice sur son front, mais elle s’en fiche. Elle s’est défendue. N’importe qui aurait fait cela à sa place. N’est ce pas ?
« Non Ellie ! J’aurais appelé la police ! Qu’est ce qu’on va faire avec ça merde ? » La dénommée Ellie lève un regard perdu sur la personne qui l’accuse depuis un moment. Elle ne comprend plus rien, c’est comme si elle était dans une autre dimension, comme si elle n’existait plus. Qu’elle était désormais dans un espèce d’espace temps, où personne ne peut en ressortir.
Puis, son regard se dirige vers l’objet de cette dispute. Et puis soudainement, elle réalise. Ses yeux s’écarquillent.
Elle a presque tué un homme, et elle va vomir.
Elle tente de se lever pour se diriger à la salle de bains, mais elle n’y arrive pas. Sa vision devient floue, le bruit est amplifié, elle a chaud , et elle s’évanouie.
***
Je tente de continuer à vivre depuis cet…incident. Je n’ai jamais réellement cru que c’était moi. Parce que quand je l’ai fait, c’était comme si je me regardais faire. Comme si j’étais une spectatrice alors que je n’ai absolument rien fait.
Pourtant je m’en souviens comme si c’était hier. Je revenais d’une soirée chez mes parents, j’ai entendu du bruit dans mon appart’. Je suis entrée doucement, et j’ai vu ce mec, cette pourriture, ce chien, qui tentait de débrancher mon téléviseur et de l’apporter, j’imagine.
Je n’ai pas vraiment compris ce qui s’est passé, mais j’ai senti un stress inhumain me prendre. Une haine incroyable, vers ce étranger qui a tenté de me prendre un bien alors qu’il n’en avait pas le droit.
J’aurais pu arrêter. J’aurais pu appeler la police, rester près de la porte d’entrée , et l’intercepter. Mais ce n’était pas assez. Il fallait qu’il comprenne ce qu’il a fait, c’est mal et qu’il ne doit pas le refaire.
Depuis que je suis jeune j’ai un tempérament plutôt houleux. Je suis – apparemment - , égocentrique, manipulatrice, mauvaise joueuse, pas très sociable, renfermée et très ordinaire. Sérieusement, je m’en fous. Depuis que je suis à la garderie je ne veux pas prêter mes jouets, jouer avec les autres ou tenter de me faire des amis. J'ai peur du contact humain, c'est aussi simple que cela. J'ai peur qu'en prêtant mes choses,qu'en m'ouvrant aux autres, ça me rendes vulnérable et je ne peux pas accepter d'être vulnérable. Dans la vie, il faut dominer et pas être soumis. La seule amie où quelque chose proche de là que j’ai me considère comme démente, détraquée, folle, et j’en passe. C’est terminé pour moi, elle ne peut pas comprendre. Je n’ai pas tort, je n’ai pas eu tort.
Lorsque j’ai vu cet homme tenter de s’approprier un bien qui n’est pas le sien, j’ai réagi comme un animal en furie. J’ai attrapé le premier truc – lourd – que j’ai vu, un vase plutôt joli (oui c’est rare) que ma mère m’as donné comme cadeau. J’ai couru, mais malheureusement, il m’as entendu et a tenté de s’enfuir. J’ai toutefois été capable de l’écorcher grandement au niveau de la poitrine. Se mettant à saigner, j’ai eu peur et j’ai échappé le vase qui a éclaté en milles morceaux, l’un me faisant une jolie cicatrice au front. J’en ramassais un morceau, je me mis à saigner abondamment vu que ce dernier était coupant, et je tentais de frapper encore le voleur mais ce dernier a réussit à s’échapper par la porte ouverte.
Et j’ai appelé Maggie.
Cela date de 3 ans. J’étais toujours en Amérique. Pour ma sécurité et par peur de me faire arrêter, je décidai de déménager le plus loin possible, en Australie, sans prévenir personne. Sans prévenir mes proches, mes ‘’amis’’ , ma famille, bref, rien. J’ai décidé de faire ma route seule, parce que je n’ai besoin de personne.
J’étudie maintenant en design et je ne sais pas pourquoi. Je suis allé vers le truc qui m’attirait le plus. J’adore les sushis, le thé, et écouter un bon film. Je suis à peu près normale, sauf incroyablement seule.
Les gens ont tenté de m’aborder mais je suis comme un livre fermé. Je gardes tout pour moi et je ne donnes rien à personne, à moins que cette personne semble un peu digne d’intérêt.
Ma mère m’as un jour comparé à l’Avare, de l’Avare de Molière.
Je ne crois pas qu’il faut exagérer les choses à ce point-là.